Moins de produits, moins d’Amazon !

mercredi 9 novembre 2022, par Etienne Coubard

Le soutien du gouvernement au secteur de la vente en ligne et l’absence de régulation a provoqué une multiplication par 10 des entrepôts Amazon en France depuis 2017. L’expansion des grandes plateformes de e-commerce reste néanmoins conditionnée à l’augmentation du nombre de produits à distribuer. En réduire la production pourrait permettre de stopper la machine.

Réduire la production de produits non-alimentaires est un enjeu déterminant de lutte contre le dérèglement climatique et pour la préservation des droits humains. Les secteurs textile et électronique sont parmi les plus émetteurs de gaz à effet de serre. Leur production représente 80 % à 95 % de leur empreinte carbone et elle continue d’augmenter : de 200 % pour le secteur textile depuis les années 2000 et de 48,5 % entre 2017 et 2020 pour l’électronique.

Les enseignes de ces secteurs ont bien sûr leur part de responsabilité, mais l’explosion de la vente en ligne constitue la principale cause d’augmentation de la production. Un succès qui repose sur les pratiques agressives des grandes plateformes : diminution des prix, livraison en 24h, nombreuses références disponibles, optimisation fiscale. Avec pour conséquences des faillites de petits commerces, des pertes d’emplois et des conditions de travail dégradées.

Amazon commercialise plus d’un milliard de produits chaque année en France et caracole en tête des ventes en ligne sur les deux types de produits les plus polluants – électronique et textile. L’objectif d’Amazon est clairement annoncé : distribuer plus de produits, moins chers pour tuer la concurrence et être le seul magasin de la planète. Une fois la concurrence supprimée, les prix des produits pourront augmenter.

L’expansion d’Amazon repose en premier lieu sur l’absence de régulation du secteur. C’est pourquoi, depuis plusieurs années, l’enjeu a été de stopper les nouveaux entrepôts. Ces sites sont les bases arrière des plateformes, nécessaires pour augmenter leur stock et le nombre de références disponibles afin de constituer le plus grand catalogue de marchandises possibles et en quantité. Moins nombreux ils sont, plus limitée est la distribution de ces produits, et les impacts sociaux et environnementaux qui l’accompagnent.

En France, aucune régulation n’encadre la mise en place de ces nouveaux entrepôts. Le gouvernement et les député·es de la majorité ont refusé de mettre en place un moratoire sur les entrepôts de la vente en ligne en 2019, 2020 et 2021. Mais grâce à la mobilisation citoyenne, seul l’entrepôt de stockage Amazon d’Augny (Moselle) a été construit depuis 2019. Les projets de Lyon-Saint-Exupéry, Montbert, Petit-Couronne et Ensisheim ont été repoussés – pour n’évoquer que les victoires contre les centres de distribution qui assurent le stockage des produits.

Si Amazon se concentre sur l’ouverture de nouvelles agences du dernier kilomètre dédiées à la livraison, la capacité de stockage cesse aujourd’hui d’augmenter. Ce ralentissement pourrait s’avérer temporaire : pour chacun de ces abandons, la multinationale est à la recherche d’autres implantations possibles dans ces régions.

Pour mettre fin à cette course contre la montre, il serait utile d’ouvrir un nouveau front : réduire les mises en marchés des produits distribués, ce qui rendrait inutiles les nouveaux besoins en stockage, voire limiterait les besoins existants.

A l’heure où 98 % de la production textile provient de pays dont le mix énergétique est dépendant des énergies fossiles et notamment du charbon, une opportunité se présente pour mettre en place des objectifs de réduction annuels des mises en marché de vêtements importés. D’ici la fin de l’année 2022, le cahier des charges de la filière textile qui encadre le secteur sera renouvelé et avec lui la possibilité de plafonner les mises en marché de produits textiles importés. Cette mesure existait en France jusqu’en 2005, elle est encore en place pour certains produits. Elle ciblerait en particulier les grandes plateformes qui en sont les plus dépendantes.

Dès maintenant et pour encore un an, un règlement européen est en cours de discussion pour mettre en place des normes environnementales sur les produits, notamment textiles et électroniques. Intégrer des normes sur l’empreinte carbone des produits, excluant les produits dont l’efficacité énergétique des usines de production et le mix énergétique des pays producteurs est trop carboné, réduirait considérablement les mises en marché de produits. Amazon, comme les autres distributeurs seraient alors contraints de réduire le nombre d’unités distribuées sur le marché européen.

Cela permettrait de donner un nouveau souffle au mouvement pour la relocalisation et la décarbonation de la production. A ceci près que le président Macron et le gouvernement y sont farouchement opposés. Raison de plus pour se mobiliser !

Etienne Coubard (Les Amis de la Terre)

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