Texte préparé par Jean-Marie Harribey à la suite d’une discussion
au sein du Conseil scientifique d’Attac France
À l’automne 2018 a surgi en France le mouvement social des Gilets jaunes, inédit par sa forme et son contenu. Il a pris au dépourvu un gouvernement totalement acquis aux dogmes néolibéraux et engagé dans des réformes exclusivement à l’avantage de la classe dominante et des riches. Il a également surpris l’ensemble des médias et des observateurs, ainsi que la plupart des chercheurs en sciences sociales et politiques. Et il a laissé quasiment sans voix les responsables des confédérations syndicales, les uns parce qu’ils sont depuis plusieurs décennies englués dans l’« accompagnement » des mutations néolibérales, les autres soit parce qu’ils sont très méfiants vis-à-vis des mouvements qui partent en dehors d’eux, ou parce qu’ils s’avèrent impuissants à inverser un rapport de force défavorable aux travailleurs.