Atelier 7 : Femmes et Prostitution

En 2008, Attac a publié « Mondialisation de la prostitution, atteinte globale à la dignité humaine ». De 2008 à aujourd’hui, la situation loin de s’améliorer s’est encore aggravée.

Sandra, dans un premier temps a fait un état des lieux qui réactualise le constat de 2008 qui montrait en particulier la très forte expansion du phénomène dans les années 90 du fait de la chute du mur et de l’essor de la mondialisation néo-libérale des échanges.

Quelques chiffres :

  • Actuellement dans le monde 20 millions de personnes prostituées.
  • Les profits réalisés par la traite des êtres humains, au niveau mondial, se situeraient actuellement en troisième position après les hydrocarbures et la drogue .
  • 95% d’entre elles ont entre 15 et 25 ans.
  • 90 % à 95% dépendent de proxénètes.
  • Pendant la décennie 90, il y a eu trois fois plus de victimes dans la seule Asie du sud-est que de victimes de l’esclavage pendant toute l’histoire de l’esclavage.
  • En France, 91% des personnes prostituées sont des personnes étrangères alors qu’elles n’étaient que 30% avant 1990.
  • Les victimes de la traite s’élèvent à 4 millions, la moitié sont des mineures.
  • L’origine des personnes prostituées est le Nigeria, le Cameroun, les pays de l’Est et la Chine.

Le cadre légal s’est modifié petit à petit avec les traités internationaux en particulier la convention de 1949 ratifiée par la France. Les personnes prostituées, même « consentantes » y sont considérées comme des victimes.

 

Depuis les années 90, l’offensive de de la marchandisation et la préservation des gigantesques profits générés par ce secteur entraîne l’apparition de différentes notions comme prostitution « forcée » -liée à la traite- et prostitution dite libre... Si bien qu’aujourd’hui, c’est aux victimes de montrer qu’elles ont été forcées !

Pour bien comprendre l’état des lieux et les enjeux aujourd’hui, il faut distinguer trois types de situation légale :

  • Les pays réglementaristes (Pays Bas, Catalogne, Allemagne, Autriche) qui ont instauré un statut professionnel légal pour les personnes prostituées.
  • Les pays abolitionnistes dans lesquels les proxénètes sont réprimés mais toutes les personnes prostituées sont considérées comme des victimes. ( pays qui ont signé la convention de 49)
  • Les pays prohibitionnistes:tous les acteurs sont réprimés. (Certains états des USA, la Chine, et la plupart des pays islamiques.)

La Suède, elle, a renforcé sa position abolitionniste, par sa loi de 99 interdisant l’achat de services sexuels. Cette nouvelle loi pénalise le proxénète( 4 à 6 ans) et le client ( au plus 6 mois) mais pas la prostituée.

 

Huayra a montré le développement des idéologies tendant à masquer la réalité des personnes prostituées.

Sous la pression des pays qui réalisent le plus de profits dans ce secteur(Pays-Bas) une offensive est lancée pour tendre à légaliser la prostitution comme un travail ordinaire.

Cette idéologie repose en particulier sur l’illusion d’un soi-disant choix.

Or l’analyse de l’origine des personnes prostituées montrent qu’il n’y a pas de choix. (ou dans des proportions infimes.):pays d’origine(voir plus haut), âge(13 ans-15ans...), milieux défavorisés.

S’ajoute à cela, quelle que soit l’origine des femmes, que la majorité des personnes prostituées ont subi dans leur enfance ou adolescence des abus sexuels(incestes, victimes de pédophiles, de viols..).

C’est ce que démontre Judith Trinquard qui a écrit une thèse de médecine sur le sujet, dans la dernière partie de l’exposé.

« Le fait de subir ces rapports sexuels de manière répétitive et non désirée entraîne une dissociation psychique afin de pouvoir départager les deux univers de la personne, et surtout protéger le domaine privé des atteintes vécues dans le domaine prostitutionnel...la dissociation existant sur le plan psychique va se manifester aussi sur le plan physique.. . »entraînant une insensibilité à la douleur, un désinvestissement corporel pouvant avoir de graves conséquences sur la santé de ces personnes.

Vous retrouvez des éléments de la thèse de Judith dans le livre d’Attac (p.89 et suivantes) et le texte de Joël Martine(attac Marseille, http://joel.martine.free.fr ). Le power- point devrait être aussi bientôt visible sur le site de la commission genre.

 

Il est évident que les luttes d’Attac en particulier la lutte contre les paradis fiscaux (blanchiment de l’argent de la prostitution ) participent du combat contre cette forme d’esclavage. L’abolition de la prostitution que R.Poulin qualifie de « mondialisation incarnée » (à lire), est un grand chantier à venir.

Dans l’immédiat en France le projet de loi, issu du rapport parlementaire approuvé en novembre 2011, préconisant la pénalisation de l’achat des services sexuels, loi que le nouveau gouvernement devrait adoptée mérite notre attention et notre vigilance.

 

Contacts

Sandra, Huayra et Judith se proposent de circuler dans les CL. Vous pouvez les joindre par le biais de la commission genre : genre@list.attac.org