Atelier 1 : Travailleurs précaires en lutte

Sophie Banasiak qui devait animer l’atelier n’a pas pu venir et était remplacée par Marc Jol, lui aussi du mouvement des indignés. Huit personnes participaient à l’atelier.

D’entrée, Marc Jol a annoncé que dans le mouvement des indignés le rôle d’animateur n’était pas indispensable, que la démocratie véritable pouvait s’en passer. La discussion débuta donc impromptue, modérée cependant par Pierre Etienne (Attac 22).

Il n’y eut pas, comme projeté, d’échanges d’expériences locales mais plutôt des échanges pour tenter de définir la précarité, ses causes et les moyens théoriques d’y faire face.

Qu’est-ce que la précarité ?

Est-ce seulement le manque de travail qui la produit où bien y a-t-il aussi le manque de logement ? Questions qui rejoignent celle-ci : qui est précaire ? Les chômeurs, les travailleurs à temps partiel, les CDD, mais aussi les sans-abris, les étrangers, les sans-papiers, plus souvent des femmes, des jeunes. Ce qui semble constant est qu’il y a très peu de groupes de personnes précaires qui combattent pour défendre leurs intérêts.

D’où vient cette précarité ?

Le capitalisme apparaît dans toutes les réponses avec même l’affirmation de quelqu’un disant que le capitalisme n’a besoin que de 20% de la population en activité, ceci dû entre autres à l’automatisation du travail, pour exister et proliférer, les autres personnes ne l’intéressant plus.

Cette précarité, pour certains, provient de la « gouvernance européenne » qui abonde dans le sens du capitalisme en ayant comme projet et action la baisse des salaires, la diminution des services sociaux dans le but invoqué de redonner du travail au plus grand nombre.

La précarité serait aussi la conséquence du fait qu’ au sein de nos sociétés, l’intégration ne passe que par le travail.
Pour essayer d’être intégrés, les individus sont prêts à accepter n’importe quelles conditions de travail, n’importe quelles conditions de vie pour avoir un travail, seul sésame.

On peut aussi ajouter comme cause de la précarité le droit du travail qui abandonne peu à peu les droits collectifs au profit de contrats individualisés de « partenariat ». Cette méthode permet d’isoler les personnes et engendre la précarité qui permet d’embaucher dans des conditions de plus en plus mauvaises.

Que faire contre cette précarité ?

Beaucoup d’idées générales sont apparues, pas forcément compatibles.

  1. revoir le statut du travail et proposer des alternatives au travail salarié. Bernard Friaud a été cité ; il préconise la libération du travail de l’emprise des employeurs et remet en cause le marché de l’emploi. Il suggère la création d’un « salaire universel » pour lutter contre le précariat. Le « salaire universel » s’oppose au « revenu universel » en ce que le « salaire universel » permet l’existence collective du financement des services sociaux. (santé, logement, éducation, retraites).

Tout le travail qui n’entre pas dans le calcul du PIB devrait alors être compris comme des activités dans le cadre du salaire universel. Quelqu’un réagit en avançant qu’il faut néanmoins faire attention de ne pas ainsi monétariser toutes les activités de la vie, car on reviendrait ainsi à considérer le travail comme seule intégration, ce que l’on cherche justement à éviter. On tuerait aussi toute idée de gratuité.

Autre question soulevée par le « salaire universel » : doit-il permettre de survivre, quitte à trouver une autre source de revenus par un travail ou peut-il être la seule source de revenus quel que soit le travail effectué par les personnes. Quelqu’un craint avec ce dernier système, la désocialisation des personnes quand d’autres insistent sur l’égalité des revenus pour tous.

  1. Pour lutter contre la précarité , il a aussi été proposé la solution d’embauches massives : un emploi grosso modo coûte 40 000 euros par ans, donc un million d’emplois coûterait 40 milliards d’euros qui seraient trouvés justement dans la richesse créée par ces emplois.
  2. Une autre solution serait de la création monétaire . Mais il a été opposé que la création monétaire mène à la spéculation qui, elle-même, nourrit la précarité.
  3. Dans le même ordre d’idées , il a été proposé la création de monnaies locales alternatives. Mais celles-ci, pour certains, ne contribueraient plus au financement collectif de la protection sociale. Il a donc été proposé plutôt une monnaie nationale que pourrait jouer le rôle de financement de la protection sociale.

Après ce tour de table des propositions contre la précarité, il a été question des freins à leur mise en oeuvre.

Entre autres, le fait que les revendications sociales sont généralement portées par les syndicats de salariés qui s’occupent peu de ce genre de revendications. Seule la CGT contient en son sein une branche Chômeurs. Par contre, il existe de nombreuses associations et groupes comme AC, le DAC, la LDH, l’association pour les travailleurs immigrés, Droit devant, etc..., mais elles sont moins bien implantées au niveau nationale.

Il a été signalé aussi une association locale à Nancy, la CRISE (Collectif de Résistance Intensive de Solidaires Enragés) qui ne sépare pas les travailleurs, les chômeurs et les précaires en général. Elle mène des actions pratiques à Pôle emploi ou à la CAF dont elle a obtenu la mise à disposition d’ordinateurs pour les précaires à des fins d’utilisation administrative, mais aussi personnelle.

Signalons enfin deux dates à retenir

Le 14 novembre , qui, plus qu’un mouvement contre l’austérité, est l’émergence de réactions communes à l’échelle européenne sur la situation générale.

Le 1er décembre , comme tous les ans, une manifestation se dirigera vers l’Assemblée Nationale pour interpeller les députés.