Candidats des inégalités : à droite, les injustices fiscales et sociales au programme

A la veille de la date limite de recueil des parrainages et alors que la candidature du président sortant doit enfin être annoncée, Attac, avec l’Observatoire de la justice fiscale, publie aujourd’hui son nouveau rapport sur « Les candidats des inégalités ».
Notre association y analyse les propositions socioéconomiques d’Emmanuel Macron, de Valérie Pécresse, de Marine Le Pen et d’Eric Zemmour et pointe leur troublante similarité. Si bien sûr ces candidats ont des parcours et des sensibilités différentes, c’est bien le même logiciel néolibéral qui guide leurs projets, qui tous, déboucheraient sur une nouvelle offensive contre le modèle social français.

Un nouveau quinquennat des inégalités ?

Alors que le dernier quinquennat a été marqué par un enrichissement indécent des milliardaires et d’une pluie records de dividendes pour les actionnaires, en même temps, il a été celui de l’intensification de la pauvreté. 7 millions de personnes ont besoin d’aide alimentaire pour vivre, soit 10% de la population française, et 4 millions de personnes supplémentaires sont en situation de vulnérabilité. Le quinquennat Macron est définitivement celui des inégalités.

C’est à son issue que ce rapport reprend et analyse les propositions économiques et fiscales du président sortant, ainsi que des trois autres principaux candidats de la droite. Son contenu est issu des ébauches de leurs programmes rendues publiques jusqu’ici, mais aussi des déclarations qu’ils et elles ont pu faire dans les médias.

S’il existe bien sûr des différences entre ces quatre candidats, notamment sur leur rapport au monde et à l’étranger, tous portent des propositions socioéconomiques comparables. Tous s’inscrivent dans une forme de surenchère pour approfondir la logique néolibérale, qui n’aboutira qu’à aggraver les injustices fiscales et sociales. Tous sont ainsi susceptibles de creuser des inégalités déjà considérables, et à la racine d’un mécontentement latent dans le pays.

Fort avec les faibles, faible avec les forts

Aucun des « candidats des inégalités » ne veut renforcer la lutte contre l’évasion et la fraude fiscales. En revanche, tous parlent de renforcer la lutte contre la fraude aux prestations sociales. Pourtant celle-ci est estimée à 3 milliards d’euros, contre 80 milliards d’euros pour la fraude fiscale. Et chaque année, plus de 10 milliards d’euros d’aides sociales ne sont pas réclamés par leurs potentiels bénéficiaires.
Alors qu’Emmanuel Macron a supprimé l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) pour le remplacer par l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) au bénéfice des 350 000 personnes les plus riches, Valérie Pécresse et Eric Zemmour proposent d’affaiblir l’IFI en créant de nouvelles exonérations. De son côté, Marine Le Pen veut un impôt sur la fortune financière et ne plus imposer l’immobilier, ce qui rapporterait également moins que l’ISF historique.

Les 4 « candidats des inégalités » sont également d’accord pour baisser les droits de donation et de succession, et en ont fait un enjeu important, ce qui bénéficierait massivement aux personnes qui ont un patrimoine important à transmettre. Rappelons que selon France Stratégie, 85 % des successions sont déjà exonérées d’impôts. Tous veulent également poursuivre la baisse des impôts de production, comme le réclame le Medef, alors même que cela profitera surtout aux grandes entreprises dont les taux de marge sont aujourd’hui historiquement élevés et qui ont largement profité de la baisse de l’impôt sur les sociétés pendant le quinquennat Macron. Ces cadeaux fiscaux auraient un impact important sur les recettes de l’État, ce qui aurait nécessairement pour effet de réduire le périmètre et les moyens de l’action publique. C’est pourtant la protection sociale et les services publics qui permettent de diminuer les inégalités : par conséquent, en les affaiblissant, les inégalités ne pourraient qu’augmenter plus rapidement.

Les inégalités : un choix politique

Concernant le pouvoir d’achat, aucun des « candidats des inégalités » ne propose de revaloriser le SMIC ni les salaires de façon contraignante, mais Valérie Pécresse, Eric Zemmour et Marine Le Pen promettent une meilleure rémunération du travail en réduisant les cotisations sociales. C’est un non-sens total. Une telle baisse signifierait nécessairement une diminution des ressources de la Sécurité sociale, ce qui justifierait demain de nouvelles contre-réformes des retraites ou des allocations chômage. Emmanuel Macron, lui, s’abstient de toute proposition, dans la lignée de son action depuis 2017.

En matière de retraites, Emmanuel Macron promet une « réforme » guidée par le principe de « travailler plus longtemps » risquant de se traduire par une baisse du niveau des pensions. Valérie Pécresse dit vouloir repousser l’âge de départ à la retraite à 65 ans, contre 64 ans pour Eric Zemmour, tandis que Marine Le Pen a abandonné sa promesse de retraite à 60 ans.

Alors que Marine Le Pen, Eric Zemmour et Valérie Pécresse se disputent le titre de principal opposant à Emmanuel Macron, lorsque l’on s’intéresse à leurs programmes socioéconomiques, il est troublant, pour ne pas dire confondant, d’observer la similarité de leurs propositions.

Nos 4 candidats des inégalités ont le même projet économique, hérité d’une tradition conservatrice qui n’a de cesse de combattre les impôts directs et le développement de l’action publique. Leurs choix politiques n’auront qu’une conséquence, creuser les inégalités, aux dépens des plus précaires, du consentement à l’impôt et de la cohésion sociale.

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