La compensation biodiversité, un permis de détruire la nature

mercredi 29 octobre 2014, par Attac France, Collectif

Pour poursuivre la mis en œuvre de politiques d’aménagement du territoire destructrices et inappropriées, notamment la construction de grands projets inutiles et imposés, les institutions internationales et la Commission européenne promeuvent des dispositifs de compensation écologique : ce qui a été détruit à un endroit pourrait ainsi être remplacé ailleurs. Une critique croissante de ces dispositifs émergent de la société civile : plus de 60 organisations, dont Attac France, l’Aitec et les Amis de la Terre viennent de rendre publique une lettre ouverte demandant à la Commission européenne de mettre fin à ses projets de compensation biodiversité.

Plus de 60 organisations et près de 10 000 personnes ont signé une lettre ouverte exigeant que la Commission européenne abandonne ses projets de compensation biodiversité, au moment où se conclut la consultation publique qu’elle a initiée sur le sujet. Pour les signataires, la compensation biodiversité « nuit à la nature et aux populations tout en donnant plus de pouvoir à ceux qui détruisent la nature pour faire du profit ».

La consultation publique portait sur l’initiative « Pas de perte nette » (No net loss initiative), qui est issue de la Stratégie biodiversité de l’Union européenne dont l’objectif général est de stopper la perte de biodiversité d’ici 2020. Cette initiative met l’accent sur la compensation biodiversité, comprise comme le possible remplacement de la nature détruite en un lieu en un autre lieu.

La compensation biodiversité a pourtant un faible taux de succès. Elle implique de longs délais entre la destruction et la restauration. Et elle conduit souvent à une perte nette de biodiversité1. Mais les inquiétudes des organisations signataires vont au delà de la seule mise en œuvre technique de la compensation biodiversité. La lettre met en lumière trois inquiétudes majeures :

  • La compensation biodiversité délivre un « permis de détruire la nature » puisqu’elle est souvent utilisée pour accélérer la mise en oeuvre d’aménagements et d’infrastructures dans les sites naturels.
  • La compensation biodiversité transforme la nature en une marchandise et suggère dangereusement que la nature peut être remplacée. La biodiversité et les écosystèmes sont complexes et uniques et ne peuvent être réduits à un système de crédits tel que le propose de nombreux systèmes de compensation.
  • La compensation biodiversité met de côté tout ce que la nature signifie pour les populations, compromettant leur bien-être et leur droit à un environnement sain.

« Pour les citoyen·ne·s de toute l’Europe luttant pour protéger la nature des intérêts privés, la compensation biodiversité est un baiser de la mort, puisque les aménageurs peuvent ainsi prétendre n’infliger aucune perte nette à la nature », selon Maxime Combes d’Attac France, organisation signataire de le lettre ouverte.

La consultation publique s’est achevée dans un contexte de modifications des priorités priorités au sein de la Commission européenne avec le risque de voir les politiques environnementales être marginalisées en raison de la pression économique.

Pour Lucie Pinson des Amis de la Terre, organisation signataire de la lettre ouverte, « la compensation biodiversité ne doit pas faire le jeu des aménageurs influents. C’est le moment de prendre un engagement fort en faveur de la protection de la nature. Nous attendons du nouveau Commissaire européen la défense des directives européenne en la matière et non l’adoption de schémas de compensation risqués ».

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