Paru dans l’Humanité du 14 Juin 2010 Quelle action pour désarmer les marchés financiers ? La taxation des transactions financières était il y a encore quelques mois la marotte d’Attac. Elle est devenue la thématique centrale d’une vaste alliance de mouvements sociaux au plan international. Le 27 avril dernier s’est tenue la première manifestation de masse à Wall Street depuis bien longtemps : 10 000 manifestants, invités par la confédération syndicale AFL-CIO et de nombreuses associations, ont exigé la mise au pas des banques et l’instauration d’une taxe sur les transactions financières. Royaume-Uni (Robin Hood Tax), Allemagne, Autriche, Italie… ont aussi leur coalition. En France, la mobilisation ne fait que s’amorcer, avec un rassemblement sans précédent d’organisations syndicales (CGT, CFDT, FSU, Solidaires), écologiques (WWF, Amis de la Terre), de solidarité internationale (Oxfam, CCFD, CRID, Aides) et citoyennes (Attac…), qui ont lancé ensemble une pétition citoyenne exigeant du G20 la mise en place d’une taxe sur les transactions financières (voir makefinancework.org ou le site d’Attac France). La coalition française, comme son homologue internationale, s’est rassemblée autour d’un objectif (imposer cette taxe) et de deux finalités : lutter contre la spéculation financière et financer les biens publics mondiaux. Chaque jour, 6 000 milliards de dollars s’échangent sur les marchés financiers internationaux : même à un faible taux, la taxation de ces transactions contribuerait à dissuader les comportements les plus spéculatifs et dégagerait chaque année des centaines de milliards pour financer la lutte contre la pauvreté, les pandémies et le réchauffement climatique. Pourquoi ce front inédit ? Pour les organisations syndicales, faire reculer la pression des marchés financiers sur les salaires et sur l’emploi est devenu un impératif, et elles souhaitent aussi, tout comme les organisations de solidarité et de développement, que des ressources soient dégagées pour les besoins sociaux au Sud (mais aussi, selon certains syndicats, au Nord). Les organisations écologiques, après l’échec de Copenhague, ont compris l’urgence de trouver des financements nouveaux pour la lutte contre le changement climatique dans les pays du Sud. Elles ont aussi perçu que la crise économique déclenchée par les dérives de la finance risque bien de faire passer les enjeux écologiques à l’arrière-plan des priorités gouvernementales. Enfin, l’échec de la taxe carbone en France leur a bien montré la nécessité de conjuguer l’urgence écologique avec la justice sociale : si leur coût est supporté par les plus modestes, les politiques environnementales deviendront très impopulaires. Lire la suite de l’article