Plénière 4 : Echange Comités locaux / CA

Thomas Coutrot est à la manœuvre et fait un exposé de la situation politique en France et en Europe.

Il flotte comme un sentiment d’irréalité depuis quelques semaines. Alors que des menaces considérables pèsent sur les économies et les États, il y a une espèce d’état de grâce, d’attente de ce que fera Hollande. En fait l’élection de F. Hollande n’a pas changé le problème en Grèce ou en Espagne. L’Espagne, élève exemplaire de l’UE s’enfonce dans un puits sans fond. Les outils que s’est donné l’Europe sont insuffisants. Les eurobonds ou projectbonds sont des instruments de relance, mais sous-dimensionnés et à effet différé. Un nouveau plan de rigueur en France sera remis à l’ordre du jour, cet été ou plus probablement à la rentrée. Les besoins de recapitalisation des banques européennes sont énormes à brève échéance. La BCE peut encore intervenir, avec quelques milliers de milliards d’euros, mais ce mécanisme ne peut pas durer longtemps. Ceci impacte les négociations du sommet Rio+20, dont l’échec est programmé.

Le tribunal de la dette, bonne idée, nécessite un approfondissement préalable de la démarche nationale d’audit. Le calendrier, avec retour de l’austérité sur le devant de la scène, va favoriser l’émergence du thème de la dette, inaudible en période électorale. Le débat national va forcément revenir sur les politiques d’austérité et le poids de la dette.

La campagne pour un référendum sur le pacte budgétaire : la CGT ne veut pas s’engager (résultat incertain, période incertaine). La campagne soutenue par Attac le sera en dehors du CAC, avec les mêmes partenaires moins la CGT. L’appel lancé par Attac et Copernic est signé par de nombreuses orgas dont plusieurs fédérations de la CGT et diverses personnalités. L’objectif est de faire pression sur François Hollande. Il n’y a pas encore de vraie convergence européenne des mouvements sociaux. Une manif. européenne est en préparation pour la rentrée. Il y aura un sommet européen à l’automne.
Les élections en Grèce le 17 juin : la formation d’un gouvernement de gauche entraînerait une crise politique immédiate en Europe, qui passera au premier plan, et qui mobilisera Attac.

Le débat s’engage avec une série de questions-réponses.

  • Q. Une fiscalité différente changerait-elle la donne sur la dette ?
  • R. une réforme fiscale est possible sans provoquer une fuite massive de capitaux, mais ce sera de toutes façons insuffisant pour régler le problème. 
  • Q. Quel scénario prévisible en Grèce ? Peut-on demander une analyse au conseil scientifique ?
  • R. la sortie de la Grèce de l’euro est quasi décidée. La solution alternative d’une dévaluation interne de l’euro serait inefficace. L’échéance est à quelques mois ou années. Attac n’est pas favorable politiquement à cette solution, mais dans les faits elle est inévitable. La BCE peut exclure de fait la Grèce de la zone euro en ne reconnaissant pas la recapitalisation par la banque centrale 
  • Q. En Espagne, les banques vont-elles s’effondrer ? Peut-on encore les sauver ?
  • R. La renationalisation des dettes souveraines est observée, pas seulement en Espagne. Mais chaque pays rachète sa propre dette, ce qui est un prémisse de l’éclatement de la zone euro. Le rachat de la dette par les banques du pays est intéressant en cas de nationalisation des banques. La question de désobéir à la BCE se pose : les banques centrales pourraient décider de financer la recapitalisation des banques du pays. 
  • Q. Dans le contexte de crise du capitalisme, où en est la prise de conscience du changement en cours ?Où en sont les mouvements sociaux, où est le rapport de force ?
  • R. Le point central et le levier à actionner est celui de la démocratie. 
  • Q. L’évolution mondiale est rapide, la modification des rapports de force est à prendre en compte. N’y a-t-il pas trop d’européano-centrisme ?
  • R. Il y a en Europe une course de vitesse entre l’extrême droite qui prône une souveraineté nationale, et la gauche qui soutient la souveraineté du peuple, démocratique. 
  • Q. Sur le référendum, la stratégie est délicate.
  • R. Il ne faut pas lâcher sur la démocratie. Il faudra exiger massivement le référendum le jour du débat parlementaire sur le traité européen. 
  • Q. Ne peut-on pas parler d’État totalitaire, tant tout est soumis aux forces non démocratiques : institutions européennes et sphère de la finance ?
  • R. On est en présence d’une dictature de la finance, des marchés, plus que d’un État totalitaire. 
  • Q. Quel peut être le rôle d’Attac dans la nécessaire convergence des mouvements sociaux ? La création de collectifs unitaires ?
  • R. Organiser un référendum citoyen devra s’appuyer sur le syndicalisme et quelques forces politiques comme le front de gauche, sans le PS. Le rapport d’orientation 2013 du CA commencera justement par un exposé sur la situation géopolitique.