Atelier n° 6 : La Désindustrialisation

Fralib, Lejaby, Petroplus, Renault …. les exemples sont nombreux de salariés confrontés à des décisions de fermeture d’usine ou de réduction d’activité. La combativité des travailleurs et des syndicats se heurte à des difficultés importantes et récurrentes : isolement, absence de coordination et de perspectives globales susceptibles d’amener à de véritables solutions. Le travail de l’atelier a consisté d’abord en un repérage de ces difficultés et ensuite en une recherche de propositions ouvrant la voie à des solutions pérennes.

Les constats

Il arrive souvent que le rapport de force ne permette pas aux salariés concernés d’imposer un maintien de l’activité et des emplois. Les collectifs sont alors amenés à se battre le dos au mur pour repousser dans le temps les licenciements ou en limiter le nombre en acceptant des sacrifices sur les salaires et les conditions de travail, en exigeant des primes plus importantes pour les travailleurs licenciés.

La baisse dramatique des emplois industriels en France est due au fonctionnement de la mondialisation libérale à l’intérieur de l’Europe d’une part et entre les pays européens et les pays dits émergents d’autre part : mise en concurrence des travailleurs, dumping social et environnemental. Cela entraîne des effets pervers graves : transport des marchandises sur des distances énormes, habitude prise par les consommateurs de ne pas payer les marchandises au prix qui correspondrait à des salaires et des conditions de travail décents, exploitation très dure des travailleurs et dégats sur l’environnement peu visibles parce que situés dans des pays lointains.

On constate aussi chez nous d’autres conséquences comme la tertiarisation de l’économie et le développement de la sous-traitance. Sur le plan idéologique, l’individualisme est une entrave au développement des solidarités à l’intérieur des entreprises et à l’extérieur.

Les propositions

Pour Attac et les comités locaux, il s’agit d’abord d’apporter un soutien aux salariés en lutte en popularisant leur combat, en diffusant l’information sur la lutte, sur son évolution, sur les modes d’action et les revendications. Il est important aussi de mettre en relation les collectifs de salariés, les syndicats et les associations de lutte pour l’environnement. On peut organiser des rencontres pour mettre en débat les objectifs et les moyens mis en œuvre, en sachant qu’il peut s’avérer difficile d’obtenir des échanges et une écoute sans trop de tension.

Sur un plan plus général, on peut aussi faire une information en direction de la population sur les causes de ces fermetures d’usine et sur les alternatives possibles prenant notamment en compte les exigences de la transition écologique. Pour les causes voir ce qui a été dit plus haut sur la mondialisation libérale. En ce qui concerne les alternatives, les participants à l’atelier ont proposé trois pistes.
Utilisation de la taxation : taxation de la pollution, du transport, « taxes coopératives » pour compenser le dumping social et environnemental.

Transformation des comportements des consommateurs, en posant le problème du « juste prix des marchandises » qu’on ne peux pas séparer de celui de l’augmentation du pouvoir d’achat.

Transformation des conditions de la production : reconversion des productions, relocalisation, contrôle de l’aménagement du territoire. Le développement de l’agriculture écologique est un exemple de reconversion réussie pour nombre d’agriculteurs. Enfin, il nous faut proposer une autre organisation de l’entreprise et promouvoir des structures innovantes comme les coopératives.

Un groupe d’échange pour les personnes intéressées par cette question a été mis en place.
Se renseigner auprès de l’animateur Jean-Luc Gasnier : gasnierjl@gmail.com

Rappel de la présentation de l'atelier

Le cadre de réflexion

Partout en France, les plans de licenciement et les fermetures de site industriels se multiplient. La désindustrialisation est à l’œuvre, résultat d’un processus implacable que les politiques actuelles n’entendent pas bouleverser. Le désarroi domine. Des luttes s’organisent ici et là mais restent trop souvent isolées, sans relais au niveau d’une société inquiète, divisée. Le combat syndical n’est plus vécu dans une perspective de transformation globale et les intérêts immédiats ou corporatistes prennent le pas sur le bien commun. Sur la défensive, fragilisés, isolés et désabusés politiquement, les travailleurs qui luttent pour sauver leurs usines, leurs emplois sont le plus souvent condamnés à l’inefficacité car le capitalisme mondialisé organise une mise en concurrence généralisée, fabrique des consommateurs qui ignorent les producteurs et tire partie du délitement des sociétés. Sans mise en perspective globale, les intérêts des victimes du libéralisme ne peuvent converger.

Pour combattre la désindustrialisation, il faut changer d’optique en refusant de cautionner la logique à court terme du capitalisme qui sortira toujours vainqueur sur son terrain. 

Les luttes contre les licenciements peuvent être porteuses de projets de reconstruction industrielle, de rénovation sociale et de transition écologique, à condition de s’organiser en amont et de rechercher des convergences avec l’ensemble des mouvements alternatifs.

Dans ces conditions, le contexte actuel peut être porteur de changements profonds et engendrer de nouvelles solidarités ainsi que de véritables alternatives économiques.

Les objectifs de cet « atelier » se situent donc à long terme

Compte tenu de la vocation d’Attac, redonner un sens plus global aux luttes et créer des passerelles entre les différents partenaires, dans une perspective de reconstruction sociale et en gardant la filiation avec toutes les luttes progressistes.

Procéder à une relecture collective des luttes contre les licenciements avec les acteurs concernés et à l’aune des nouvelles analyses économiques. Nous pouvons apprendre autant de leurs tentatives infructueuses que de leur succès.

Œuvrer à la rencontre et au dialogue entre les syndicats et les organisations de défense de l’environnement.

Construire un processus qui permette à tous les partenaires ( syndicalistes , écologistes , animateurs des luttes et économistes ) de travailler sereinement ensemble, dans une perspective éco-socialiste, à long terme, pour parvenir à une convergence d’analyse et à de nouvelles formes de militantisme.

Mieux armer les travailleurs face à un système qui les met en concurrence et ajuste ses paramètres économiques en les licenciant. 

Explorer de nouveaux domaines d’activités.

Contenu

  • Il s’agit d’un atelier de réflexion et d’échanges afin de mettre en place un processus et des outils visant à atteindre ces objectifs (ou du moins tendre vers...)
  • Présentation de nos constats, questionnements et objectifs.
  • Information sur le travail déjà initié à Bordeaux : rencontres, collecte d’informations et d’analyses auprès des partenaires (syndicats/organisations) sur les luttes contre les licenciements passées et présentes, informations sur les expériences de reprises d’entreprises et les obstacles rencontrés notamment en matière de financement.
  • Questionnaires aux participants réunis par petits groupes.
  • Inscription des réponses au tableau, en les sériant par catégories.
  • Échanges et discussions.
  • Propositions retenues (peuvent être variables en fonction des CL).
  • Suivi éventuel par liste de diffusion.