Rassurer les marchés ou avoir des retraites ?

lundi 1er avril 2013, par Attac France

L’allongement de la durée de cotisation (portée désormais à 41,5 ans), le recul de l’âge du droit à la retraite (62 ans) et celui de la pension à taux plein (67 ans) ne pouvaient qu’aggraver le chômage, surtout dans une période de crise. Pendant ce temps, la baisse des pensions était organisée par la prise en compte de 25 années pour calculer le salaire de référence dans le privé, et par l’indexation des pensions sur les prix au lieu des salaires.

Le Medef met le feu aux retraites complémentaires

Le Conseil d’orientation des retraites (COR) a fait état d’un besoin de financement du système de retraite pour l’année 2011 de 14 milliards d’euros, dont 2,6 milliards pour les régimes complémentaires, provenant de la récession qui a privé les caisses de retraites de 13 milliards de cotisations. Aussitôt, le Medef a ouvert une négociation avec les syndicats et leur propose que, à partir du 1er avril 2013 et au moins jusqu’en 2017, la valeur du point servant à calculer la pension complémentaire soit relevée de 1 point de pourcentage de moins que la hausse des prix, soit une baisse de 5 % du niveau de vie des retraités. Les pensions de réversion passeraient de 60 à 56 % de la retraite complémentaire du conjoint décédé, et seraient attribuées à partir de 60 ans seulement, au lieu de 55 actuellement dans l’ARRCO. Les femmes, déjà fortement discriminées, le seront encore davantage. Le Medef préconise en outre un recul de l’âge de la retraite complémentaire d’un trimestre par an à partir de 2019.

Le gouvernement lui emboîte le pas

Le gouvernement, par la voix du ministre du budget Jérôme Cahuzac, a approuvé la proposition de désindexer les pensions par rapport à l’inflation. Il s’en inspirera sans doute pour les régimes de base, puisque le cabinet du Premier ministre a laissé entendre qu’il fallait « faire payer les retraités » en augmentant leur CSG et leur impôt sur le revenu. Ce sera un facteur d’austérité de plus. La baisse des pensions des actuels retraités et le durcissement des conditions futures de leur accès à la retraite sont le moyen choisi par les gouvernements passés et l’actuel pour diminuer le poids des retraites dans la richesse produite. Pourtant, le COR estime de 0,5 à 1,6 point de PIB la hausse des cotisations nécessaire afin d’assurer l’équilibre en moyenne sur 2012-2040. Pourquoi une hausse aussi faible n’incite-t-elle pas à réfléchir davantage à l’accompagnement de la hausse des besoins sociaux par une hausse des cotisations ? On touche le tabou le plus important du financement des retraites et, au-delà, de celui de toute la protection sociale. Les réformes passées ont écarté toute mesure qui aurait pu remettre en cause la répartition des revenus entre capital et travail imposée depuis l’avènement du capitalisme néolibéral.

Que faire pour les retraites ?

Le mouvement social dans son ensemble doit s’emparer de cette question. Si l’on veut pérenniser et renforcer le système de retraite par répartition, il faut modifier la répartition primaire des revenus dans les entreprises afin de dégager les ressources supplémentaires dont les caisses de retraite ont besoin. Deux moyens sont possibles :

  • augmenter le taux de cotisations dites patronales ;
  • ou élargir l’assiette des cotisations sociales à l’ensemble de la valeur ajoutée : la masse salariale plus les profits (ou tout au moins les profits distribués et non réinvestis), de manière à limiter l’avantage dont tirent parti les entreprises employant peu de travailleurs relativement à leur activité ou licenciant à tour de bras : sur ce point, il convient de dépasser certaines préventions à l’égard de l’élargissement de l’assiette, qui ne rompt pas le lien entre travail et cotisations puisque la valeur ajoutée est en totalité le fruit du travail.

La baisse de la part des salaires dans la valeur ajoutée a été telle qu’elle justifie ce supplément de cotisations, somme toute modeste : que sont 0,5 ou 1,6 point de PIB par rapport aux 5 à 6 points gagnés par le capital depuis trente ans ? La menace de perte de compétitivité n’est pas crédible devant la brutalité de ces chiffres, d’autant plus que cette modification peut très bien se faire sans augmenter les prix si le versement des profits est encadré. On situe ainsi le problème : il faut choisir entre rassurer les marchés et mener une vraie politique sociale.

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