Les indigènes contre le « business » de la protection des forêts

mercredi 7 décembre 2011, par Maxime Combes

Mardi 5 décembre. 9 h 30. Une annonce importante a été rendue publique. Une annonce qui fait bouger les lignes dans le bon sens. Non ce n’est pas l’Union Européenne qui a décidé de passer aux 40% de réduction d’émissions de gaz à effets de serre (GES) d’ici 2020 tels qu’exigés par la science. Pas plus que celle du Canada de revenir sur son intention de quitter le protocole de Kyoto. Encore moins celle des États-Unis de s’engager à le rejoindre. Non, décidément, au sein des négociations officielles, c’est grise mine : prochaine COP au Qatar, protocole de Kyoto vidé de sa substance, aucun financement à la hauteur des enjeux, etc.

Incontestablement, après une manifestation réussie de plus de 10 000 personnes contre « l’apartheid climatique », c’est du côté de la société civile que les choses bougent. A 9h30 hier matin, une nouvelle alliance d’organisations indigènes a rendu public un appel pour un moratoire sur les mécanismes REDD. Ces mécanismes sont officiellement prévus pour lutter contre la déforestation et la dégradation des forêts, source importante d’émissions de GES. Pour ces organisations, ce dispositif est aujourd’hui surtout un « nouveau business sur le dos du changement climatique ». Réduite à un puits de carbone, la forêt y est évaluée en fonction de la quantité supposée de carbone qu’elle contient. En préserver quelques parties permet d’obtenir des certificats d’émissions évitées valorisables sur les marchés carbone. Sont ainsi niés qu’une forêt est aussi un réservoir incomparable de biodiversité, un chaînon essentiel au cycle de l’eau mais aussi un lieu de vie de populations locales. Selon plusieurs rapports récents, les projets REDD en cours s’accompagnent bien souvent de logiques d’accaparement et de violations des droits des populations locales qui vivent de ces forêts ou à proximité (voir ici également).

Pourquoi cette demande de moratoire fait-elle bouger les lignes ? A l’ONU, les organisations indigènes, réunies au sein d’un caucus, sont reconnues comme une composante de la société civile. Ce caucus est extrêmement divisé sur les mécanismes REDD. Le besoin de financements pour lutter contre la déforestation, bien réel, a poussé certaines organisations indigènes à minorer leurs critiques envers REDD. Sa mise en oeuvre, et bon nombre de projets totalement inacceptables changent la donne. Avec cet appel pour un moratoire, les lignes sont donc en train de bouger. Au sein des organisations indigènes. Au sein de la société civile. Si le dispositif suscitant le plus d’espérance devient source de tant de critiques, la prochaine étape n’est-elle pas de simplement boycotter ces négociations ? Qui plus est si elles ont lieu au Qatar ?

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