Et si la France renonçait à accueillir la conférence climat de 2015 ?

jeudi 21 novembre 2013, par Attac France

En décidant de quitter les négociations climat ce jeudi 21 novembre à Varsovie, les mouvements sociaux et ONG veulent faire dérailler le train-train de conférences qui nous mènent droit dans le mur. De quel côté se place le gouvernement français, lui qui veut accueillir la conférence de 2015 ?

C’est ce vendredi 22 novembre que la France doit être officiellement désignée pour accueillir la conférence climat de 2015, la COP 21, dont François Hollande a annoncé qu’il voulait qu’elle soit le « grand événement » du quinquennat [1]. Les trois ministres français, -Laurent Fabius, Pascal Canfin et Philippe Martin - présents à Varsovie vont se féliciter de la décision et annoncer vouloir aboutir à « un accord applicable à tous, juridiquement contraignant et ambitieux, c’est-à-dire permettant de respecter la limite des 2°C » [2]. Pour cela, le gouvernement affirme vouloir mettre sur les rails un « agenda positif », soit un agenda qui ne soit pas « un partage du fardeau, mais un partage des solutions et des opportunités » [3].

Mais de quel « agenda positif » s’agit-il alors que l’Union européenne a abandonné toute ambition climatique en renonçant à s’engager sur des objectifs plus ambitieux que le reste du monde ? En se rapprochant de la position des États-Unis consistant à laisser chaque pays définir lui-même son niveau d’engagement [4], l’Union européenne perd en crédibilité. Sur le point d’abandonner tout objectif contraignant de développement d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique pour 2030 pour ne maintenir qu’un objectif très insuffisant de réduction d’émissions de gaz à effets de serre (GES) – on parle de -40 % par rapport à 1990 - l’Union européenne mine toute possibilité d’obtenir un accord à la hauteur des enjeux. Ceci d’autant plus que les pays riches n’ont toujours pas abondé avec des fonds publics suffisants le Fonds Vert pour le Climat. A ne pas vouloir « partager le fardeau » des réductions d’émissions, la France et l’Union européenne risquent d’encourager l’inaction et les reculs...

De quel « agenda positif » parle le gouvernement français, alors qu’une fiscalité écologique juste et efficace n’est toujours pas programmée et alors que la loi sur la transition énergétique a été repoussée et s’annonce comme un compromis boiteux entre les exigences écologiques et les intérêts des lobbies de l’énergie ? Le gouvernement pourrait entamer cet « agenda positif » par quelques décisions allant dans le sens de l’ambition climatique : abandonner définitivement l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, annuler tous les permis concernant manifestement les hydrocarbures de schiste et ne pas en signer de nouveaux, obtenir la fin du financement des énergies fossiles par les banques et mécanismes publics (AFD, CDC, BEI, BERD, Coface, etc) et par les banques privées françaises, renoncer aux lignes grande vitesse et autres grands projets inutiles.

En termes « d’agenda positif », le gouvernement français pourrait s’inspirer de l’immense succès d’Alternatiba [5], le Village des Alternatives organisé à Bayonne le 6 octobre dernier. Pourquoi ne pas encourager et soutenir financièrement les milliers d’associations, de collectivités locales, d’individus qui inventent, expérimentent un large éventail d’alternatives concrètes, donnant à voir ce que pourrait être la transition écologique et sociale dont nous avons besoin ? Ces alternatives, loin d’être dérisoires ou secondaires, rendent visibles des activités créatrices d’emplois, un sens du travail retrouvé, une inventivité pour aller vers des sociétés conviviales, justes, solidaires et réconciliées avec la nature. Elles opposent à l’inertie politique leur détermination à affronter concrètement les intérêts des lobbies et des transnationales qui ont décidé de ne rien changer, comme le prouve leur emprise sur la COP19 à Varsovie.

Alors que les pays les plus vulnérables ont du mal à faire entendre leur voix pour obtenir un accord contraignant et ambitieux, pourquoi ne pas finalement soutenir l’organisation de la conférence de 2015 dans un pays qui subit concrètement et dramatiquement les conséquences du changement climatique ? Les négociations climatiques y gagneraient certainement en engagements concrets.

Attac France, le 21 novembre 2013

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